Le visible et l’invisible, Pour une archéologie de la poétique claudélienne
EAN13
9782848677002
Éditeur
Presses universitaires de Franche-Comté
Date de publication
Collection
Annales littéraires
Langue
français
Fiches UNIMARC
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Le visible et l’invisible

Pour une archéologie de la poétique claudélienne

Presses universitaires de Franche-Comté

Annales littéraires

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Comme toutes les œuvres de même envergure, celle de Claudel nous frappe et
nous retient d'abord par ce qu'elle offre de singulier. Pourtant, à mesure que
les années passent, il devient de plus en plus clair que ce poète n'a rien,
quoi qu'on ait pu dire, d'un aérolithe tombé d'un ciel gréco-biblique dans le
poulailler littéraire post-symboliste. Son œuvre s'inscrit dans une histoire
intellectuelle qui est une histoire de longue durée : celle de ce qu'on a
appelé -d'un mot plein d'ambiguïtés- romantisme. Ceci se vérifie - nonobstant
les accès de colère anti-romantiques de l'inté­ressé - lorsqu'il monte à
l'assaut contre les positivistes, avec les catholiques et les vitalistes du
tournant du siècle, en brandissant des armes curieusement analogues à celles
que la Naturphilosophie avait jadis déployées contre les mécanistes ;
lorsqu'on examine l'usage qu'il fait de l'universelle analogie, chargée
conformément à une tradition vénérable, mais non pas seulement catholique, de
nous passer d'un monde à l'autre, du visible à l'invisible ; ou encore
lorsqu'on interroge une poétique qui ne s'en prend aux romantiques que pour
mieux sauver les principaux articles de leur credo, sous réserve de les
récrire pour les mettre en conformité avec les commandements d'un catholicisme
original et rigoureux. Pourtant, si ce livre s'emploie à conduire une
archéologie des propositions claudéliennes, ce n'est pas pour le morne plaisir
de rabattre le singulier sur le collectif, ni pour sacrifier a la manie des
sources ou des origines : mais plutôt par désir d'y voir clair, de saisir les
lignes de force dans la diversité et la profusion des propos - ce qui se peut
d'autant mieux, m'a-t-il semblé, qu'on se transporte en amont de l'œuvre, et
qu'on resitue les propositions de Claudel dans une histoire suffisamment
longue, où la singularité se mesure surtout en termes de variation. Et c'est
peut-être encore, dans une fin de siècle obsédée de nouveauté, manière de
prêter l'oreille à l'avertissement de Delacroix : ce ne sont pas les idées
neuves qui font les hommes de génie, mais "cette idée qui les possède que ce
qui a été dit ne l'a pas encore été assez".
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