oeuvres complètes de Gustave Roud
EAN13
9782889279043
Éditeur
Zoé
Date de publication
Langue
français
Langue d'origine
français
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oeuvres complètes de Gustave Roud

Zoé

Livre numérique

  • Aide EAN13 : 9782889279043
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    51.99

  • Aide EAN13 : 9782889279050
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Une édition critique des Œuvres complètes s’avérait indispensable : elle
rassemble, en quatre volumes enrichis d’un choix de photographies de Roud, la
production littéraire du poète, de l’auteur du Journal, du traducteur, du
critique littéraire et du critique d’art. Elle rend compte du rôle majeur que
Roud a joué dans la vie culturelle de son époque, comme collaborateur et
rédacteur pour divers éditeurs, Henry-Louis Mermod et la Guilde du livre
notamment, ainsi que pour des revues littéraires ou destinées au grand public.
Assortie d’index, pourvue d’introductions, de notices et de notes qui
exploitent la riche documentation archivistique et historique conservée en
particulier dans les fonds du Centre des littératures en Suisse romande
(Université de Lausanne), cette édition permet de satisfaire les intérêts et
curiosités multiples que suscite l’œuvre de Gustave Roud, aussi bien auprès
des amateurs de poésie que des chercheurs en littérature du xxe siècle. Les
Œuvres complètes de Gustave Roud se présenteront sous la forme d’un coffret de
4 volumes comptant 5120 pages, 90 photos couleurs et de très nombreuses
illustrations noir blanc. Le volume 1 (1456 pages) comprend les Œuvres
poétiques : recueils, textes publiés en revue, textes inédits: Découverte de
Portalban La Nouvelle Semaine artistique et littéraire, 15 décembre 1928 La
servante bâille et se lève ; nos cigares sont morts. Une gorgée de liqueur
âcre, un dernier rire et la porte rouverte nous rend à la nuit. Ô nuit d
’arrière-automne, il faut suivre la route qui te traverse jusqu’à l’aurore,
pâle route, sœur de celle qui, là-haut, divise les étoiles aiguës ! Rêve,
fatigue où les sens se confondent, et cette somnolence sournoise qui dénoue la
pensée – comment peindre ce pays et son hôte l’un à l’autre inextricablement
mêlés ? Une étoile fraîche comme une goutte de pluie glisse de feuille en
feuille, un pan de forêt silencieusement s’effondre, un lac s’élève où
bourdonnent les lampes fauves des villes endormies. Comme un nageur sans un
cri disperse les feuillages, le ciel d’août, le soleil même, captifs d’une
rivière pure, je brise des nappes de parfums, je traverse l’odeur puissante
des vergers. L’aube lentement sépare mon corps de la nuit, m’abandonne sur la
falaise que vient battre la vague des roseaux. Une église frappe six coups de
cristal et voici mes pensées une à une glisser au sommeil comme on voit là-bas
les peupliers en fuyante rangée doucement saisis par un brouillard d’argent.
Il faut repartir. Il faut descendre vers la grève. C’est un espace
d’arbrisseaux confus pris entre l’eau et la roche. Un chemin le parcourt,
coupé de flaques, parmi le désordre des feuillages et les fleurs pauvres. La
rumeur des roseaux que le vent froisse, la voix des pêcheurs tout ensemble
proche et lointaine se mêlent à la douceur de la lumière. Ô voyageur qui ne
cherches pas à te fuir encore, par quelle voie mystérieuse ce paysage te
conduit à la sérénité ! Là-haut sous le soleil vivent les hommes. Que me sont-
ils, et qu’ai-je à faire de leurs joies ? Voici disparaître une à une les
présences qui m’ont peuplé et ma tristesse devient si pure qu’elle ressemble
presque au bonheur. Mais vers le soir, à l’heure où l’âme comblée par un
miraculeux échange sourdement sent l’envahir avec l’ombre une angoisse
inexplicable, l’horreur de ma solitude d’un seul coup me saisit, me jette à
travers les ronces, les branches cinglantes au sommet de la falaise. Une
lampe, par pitié, une voix d’homme sur une route connue ! Je fais des pas
obscurs au long de l’arête, et soudain la pente se rompt. Tout un village à
mes pieds, perdu dans ses fumées, accueille paisiblement la nuit. Ô musique
naïve de ces vies proches, plus belle que les phrases les plus belles à ce
cœur de lui-même rassasié ! J’écoute le chant d’un pêcheur qui suspend aux
tringles ses filets couleur d’eau, le bras nu jusqu’à l’épaule, rose et doré.
Il y a une ronde de petites filles ; des chevaux vont boire aux fontaines et
la jetée là-bas plonge au lac fluide comme un bras fatigué. Portalban ! Je
sais maintenant ton nom. J’ai dormi dans l’auberge ancienne[1] où sous le
plafond bas les pêcheurs lèvent leur verre en silence. Je t’ai revu, puisque
l’homme invinciblement retourne aux lieux que sa passion transfigure. Mais si
je ferme les yeux, c’est un autre village qui m’apparaît dans l’ombre
grandissante, avec ses voix, ses fumées, ses chants, riche d’une paix qu’il
m’a rendue, debout en moi dans son éternité. Le volume 2 (1088 pages)
rassemble l’essentiel des Traductions : recueils consacrés à Novalis,
Hölderlin, Rilke, Trakl dont Roud est un des premiers traducteurs en français;
traductions publiées en revue ou dans des volumes collectifs – notamment de
Wilhelm Müller, Goethe, Clemens Brentano, Hildegard von Bingen, Eugenio
Montale. Rainer Maria Rilke Lettres à un jeune poète, précédées d’« Orphée »
et suivies de deux essais sur la poésie. Nouvelle version française de Gustave
Roud, Éditions Mermod, « Le Bouquet », Lausanne, 1945 Furuborg, Jonsered, en
Suède, le 4 novembre 1904. Mon cher Monsieur Kappus, Durant ce laps où vous
n’avez pas reçu de lettre, je fus tantôt en voyage, tantôt si occupé que je ne
pouvais écrire. Aujourd’hui encore cela m’est difficile, car il m’a fallu
écrire une foule de lettres déjà, j’ai la main fatiguée. Si je pouvais dicter,
je vous dirais beaucoup de choses, mais voilà… Acceptez donc ces quelques mots
en échange de votre long message. Je pense souvent à vous, cher Monsieur
Kappus, et mets tant de chaleur dans mes vœux que cela devrait vous apporter
une aide particulière, en quelque sorte. Mais que mes lettres vous puissent
être d’un vrai secours, j’en doute souvent. Ne me dites pas : Oui, elles le
sont. Acceptez-les tranquillement, sans me marquer trop de gratitude, et
attendons ce qui viendra. Peut-être n’est-il guère utile que je m’étende sur
chacune de vos phrases ; car tout ce que je pourrais vous dire sur votre
penchant au doute, sur l’impossibilité où vous êtes d’accorder vie extérieure
et vie intérieure, ou sur tout autre sujet d’inquiétude, ne ferait que
reprendre ce que j’ai déjà dit – ce même vœu toujours : vous voir trouver en
vous-même assez de patience pour supporter, assez de simplicité pour croire ;
vous voir prendre toujours plus de confiance en ce qui est difficile, en votre
solitude aussi parmi les hommes. Et pour le reste, laissez la vie s’accomplir.
Croyez-moi : la vie a toujours raison. Et pour les sentiments : tous les
sentiments sont purs qui saisissent et exaltent tout votre être ; impur, celui
qui n’atteint qu’une part de vous-même et ce faisant vous mutile. Toutes les
pensées où votre enfance est présente sont bonnes. Tout ce qui fait de vous
quelque chose de plus que ce que vous avez été dans vos meilleures heures est
juste. Toute exaltation est bonne si elle est de tout votre sang, non pas
ivresse seulement, ni trouble, mais une joie où le regard pénètre jusqu’au
fond. Saisissez-vous ce que je veux dire ? Et votre doute lui-même peut
devenir un penchant utile si vous l’éduquez. Il faut qu’il devienne
connaissance, il faut qu’il devienne critique. Demandez-lui, chaque fois qu’il
se prépare à vous gâter quelque chose, pourquoi donc cette chose serait
détestable ; réclamez-lui des preuves, mettez-le lui-même à l’épreuve. Peut-
être le trouverez-vous désemparé, embarrassé, peut-être ardent à la riposte.
Mais ne cédez pas. Cherchez des arguments ; montrez-vous à chaque fois aussi
attentif, aussi ferme, et le jour viendra où de ce démolisseur va naître un de
vos meilleurs ouvriers – le plus sage peut-être de tous ceux qui travaillent à
votre vie. C’est là, cher monsieur Kappus, tout ce que je puis vous dire pour
aujourd’hui. Mais je vous envoie en même temps le tirage à part d’un petit
poème qui vient de paraître dans la Deutsche Arbeit de Prague[2]. Là je
continue à vous parler de la vie et de la mort et de ceci, que toutes deux
sont hautes et magnifiques. Votre Rainer Maria Rilke Le volume 3 (1280 pages)
livre les notes de journal (1916-1976) dans toute leur diversité archivistique
– feuillets épars, manuscrits et dactylogrammes, carnets, cahiers, agendas.
Evénements du jour, réflexions sur so...
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