Des cannibales
EAN13
9789999997645
Éditeur
NumiLog
Langue
français
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Des cannibales

NumiLog

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C’est don de Dieu que la divination ; voilà pourquoi ce devrait être une
imposture punissable d’en abuser. Entre les Scythes, quand les devins avaient
failli de rencontre, on les couchait, enforgés de pieds et de mains, sur des
chariotes pleines de bruyère, tirées par des boeufs, en quoi on les faisait
brûler. Ceux qui manient les choses sujettes à la conduite de l’humaine
suffisance, sont excusables d’y faire ce qu’ils peuvent. Mais ces autres, qui
nous viennent pipant des assurances d’une faculté extraordinaire qui est hors
de notre connaissance, faut-il pas les punir de ce qu’ils ne maintiennent
l’effet de leur promesse, et de la témérité de leur imposture ?

Ils ont leurs guerres contre les nations qui sont au-delà de leurs montagnes,
plus avant en la terre ferme, auxquelles ils vont tout nus, n’ayant autres
armes que des arcs ou des épées de bois, apointées par un bout, à la mode des
langues de nos épieux. C’est chose émerveillable que de la fermeté de leurs
combats, qui ne finissent jamais que par meurtre et effusion de sang ; car, de
déroutes et d’effroi, ils ne savent que c’est. Chacun rapporte pour son
trophée la tête de l’ennemi qu’il a tué, et l’attache à l’entrée de son logis.
Après avoir longtemps bien traité leurs prisonniers, et de toutes les
commodités dont ils se peuvent aviser, celui qui en est le maître, fait une
grande assemblée de ses connaissants ; il attache une corde à l’un des bras du
prisonnier, par le bout de laquelle il le tient éloigné de quelques pas, de
peur d’en être offensé, et donne au plus cher de ses amis l’autre bras à tenir
de même ; et eux deux, en présence de toute l’assemblée, l’assomment à coups
d’épée. Cela fait, ils le rôtissent et en mangent en commun et en envoient des
lopins à ceux de leurs amis qui sont absents. Ce n’est pas, comme on pense,
pour s’en nourrir, ainsi que faisaient anciennement les Scythes ; c’est pour
représenter une extrême vengeance. Et qu’il soit ainsi, ayant aperçu que les
Portugais, qui s’étaient ralliés à leurs adversaires, usaient d’une autre
sorte de mort contre eux, quand ils les prenaient, qui était de les enterrer
jusques à la ceinture, et tirer au demeurant du corps force coups de trait, et
les pendre après, ils pensèrent que ces gens ici de l’autre monde, comme ceux
qui avaient sexué la connaissance de beaucoup de vices parmi leur voisinage,
et qui étaient beaucoup plus grands maîtres qu’eux en toute sorte de malice,
ne prenaient pas sans occasion cette sorte de vengeance, et qu’elle devait
être plu.s aigre que la leur, commencèrent de quitter leur façon ancienne pour
suivre celle-ci. Je ne suis pas marri que nous remarquons l’horreur
barbaresque qu’il y a en une telle action, mais oui bien de quoi, jugeant bien
de leurs fautes, nous soyons si aveugles aux nôtres.
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