Une image vraie

La covid vient d’imposer le temps des masques et de la distanciation physique.
Un nouveau mode de vie se définit après les confinements. David conduit ses
enfants à l’école. Il se rappelle brutalement comment, à l’âge qu’a désormais
son fils, son père était devenu son ennemi. Celui qui frappe, qui impose la
soumission et le silence. Celui qui choisit ce que chacun doit dire, faire et
être. Celui qui abuse la sœur en rendant préférable à tous de partager le
déni, pour supporter l’innommable. La souffrance refoulée ressurgit.
L’identité construite comme un rempart s’effondre pour laisser place au vide.
Il faut pourtant continuer à « faire semblant », être le père de famille, le
bon mari, le bon collègue. David commence une psychothérapie. Étrangement, il
est convaincu d’avoir déjà vu la psychologue qu’il rencontre. Était-ce une
image aperçue alors qu’il cherchait à visualiser une rue sur Internet ? Une
femme qu’il dépassait chaque matin à la même heure et au même endroit sur le
chemin de l’école ? Dans son désarroi, il ne parvient plus à établir de limite
entre lui et son interlocutrice. Avec elle, il se revit otage du mensonge et
de la tyrannie de son père. Sa personnalité bafouée, son intimité opprimée, sa
sensibilité niée. Peu à peu, la réalité lui échappe et il construit autour de
la psychologue une obsession amoureuse qui l’engloutit complètement. Il doit
pourtant se confronter au mal fondamental de l’inceste qui l’a dévasté depuis
l'enfance.