Enfant de salaud

Sorj Chalandon

Grasset

  • Conseillé par
    24 janvier 2022

    famille, mensonge

    OK : l’auteur a mêlé la Grande Histoire (celle du Procès de Klaus Barbie) à sa petite histoire de famille dans ce roman alors que dans les faits, il y a plus de 20 ans d’écart et une discussion qui n’a jamais eu lieu (magie de l’écriture).

    Mais j’ai trouvé le personnage du fils peu en colère contre son père à qui il veut faire cracher le morceau. Comme si l’auteur avait pu enfin passer à autre chose. Mais alors pourquoi écrire ce roman si il n’y a plus de colère ?

    Et puis l’impuissance de l’enfant a été rédhibitoire : il SAIT que son père est un menteur pathologique. Alors pourquoi tenter avec ses pauvres preuves de lui faire dire la vérité ? Il est pas psy, et même eux, je suis pas certaines qu’ils y arriveraient quand le patient est rétif.

    Plutôt qu’un enfant de salaud, je me suis dit que M. Chalandon était plutôt un enfant de menteur. Parce qu’au fond, en refermant ce roman, on ne sait pas vraiment ce qu’a fait le père. S’est-il vraiment engagé avec les nazis ou a-t-il été un simple opportuniste évitant la mitraille ?

    Parce que nous sommes nombreux dans ce cas, en France, à être des enfants de salaud. En ce qui concerne ma petite personne, je suis doublement une petite-fille de salaud par mon grand-père paternel qui a résisté longtemps à l’appel de la résistance ; par mon grand-père maternel qui est parti au STO (volontaire ou contraint ? quelle importance, il en est revenu malade)

    Ils ne sont pas nombreux, les enfants de Héros

    Mais j’ai aimé ces anonymes qui ont aidé quelques juifs à passer sous les radars. Pas tout le temps, peut-être qu’une seule fois. Sans s’en vanter. Juste en ce laissant porter par le moment.

    Bref, cette lecture a remué bien des questions.

    J’ai toutefois aimé les leitmotivs du récit : « Ils sont cons les gens, hein ? » que répète le père ; l’orage qui plane et éclate sur la ville ; un père attentif à ce que les choses aient de la gueule ; le mot « pomme » tracé sur une ardoise à Izieu.

    Quelques citations :

    Un jeune coq de 22 ans, dressé face à l’aigle germain qui leur explique que non, finalement, tout ça n’est pas une bonne idée ? Et d’ailleurs je suis malade. Je veux rentrer en France et retourner vivre chez ma mère-grand, dans la Loire.

    Cinq fois déserteur, de cinq armées différentes, te voilà reparti sur les routes.

    L’image que je retiendrai :

    Celle des verres de bière que père et fils vont boire à la sortie du tribunal presque chaque soir. Mensonge ou vérité ?

    https://alexmotamots.fr/enfant-de-salaud-sorj-chalandon/


  • Conseillé par
    8 novembre 2021

    Costumes de guerre

    Lyon, 1987. 40 ans après l’Holocauste, le narrateur journaliste couvre le procès Klaus Barbie. Depuis ses 10 ans résonne en lui la révélation de son grand-père qui le nommait « enfant de salaud « . Il décide de trouver la vérité sur son père pendant la guerre et l’Occupation.
    Sorj Chalandon alterne le procès Barbie et la quête de vérité sur son père. A travers le dossier judiciaire de son père et divers témoignages, il découvre une réalité déconcertante sur un père mythomane navigant d’une armée à l’autre, à la fois déserteur, collabo, résistant…..
    D’une écriture maîtrisée, il nous livre sa honte, sa douleur et l’attente désespérée d’aveux d’un père déloyal et inhumain.
    Il retranscrit avec intelligence les débats de procédure et les témoignages bouleversants des vies persécutées et sacrifiées par l’abomination des nazis.
    Roman intime enveloppant, déchirant d’une confrontation enfant/père dont les fêlures vacillent entre respect et révolte.
    « J’espère avoir fait beaucoup pour mon pays sous l’uniforme allemand »


  • Conseillé par
    21 septembre 2021

    Poignant, à lire !

    L'auteur revient sur le passé trouble de son père pendant la Seconde Guerre mondiale au moment où se déroule à Lyon de le procès de Klaus Barbie. Le fils cherche à renouer des liens avec ce père déroutant pendant que des témoins défilent à la barre de ce procès historique. La grande et la petite histoire se mêlent, pour l'auteur les deux s'inversant très régulièrement. Les faits historiques et l'intime s'associent dans les deux cas.
    Un roman bouleversant duquel on ne sort pas indemne !


  • Conseillé par
    17 septembre 2021

    Le père de Sorj Chalandon est mort en 2014.
    En 2020, grâce à un ami, il a accès au dossier de son procès , conservé à la Cour de justice de Lille.
    C'est la sidération.
    Et voilà le déclic d'un nouveau roman.
    Il replace sa découverte dans le contexte du procès de Klaus Barbie, en 1987.
    Ce père, qui avait donné sa version quasi héroïque de sa participation à la dernière guerre mondiale, était en fait un opportuniste, traître, un collabo.
    Il fait revivre son père dont il tente désespérément d'obtenir la vérité, d'entendre enfin les mots vrais.
    Mais ce mythomane indécrottable n'en fera rien, laissant son fils à son désarroi.
    C'est toujours une attente, un nouveau livre de Sorj Chalandon.
    Toujours une valeur sûre.
    Sa vie entière aura été marquée par ce père fou, fabulateur, délirant, destructeur.
    Du Petit Bonzi à Profession du Père à Enfant de salaud, on ne peut que ressentir l’impact persistant des blessures indélébiles et de la force de caractère pour sortir indemne de l'emprise d'un père détraqué , toujours à la limite de la démence.
    Le plus dur à accepter n'est pas que ce père ait été un salaud pendant la guerre, mais qu'il ait été un salaud en tant que père .
    Bonzi, Emile, Sorj...... c'est toujours le même cri, la même douleur, la même incompréhension, le même amour.
    Pour un père à qui toujours, malgré tout, il aura tendu la main.
    Décidément, chaque livre de Sorj Chalandon me bouleverse.


  • Conseillé par
    10 septembre 2021

    Mon père, ce héros

    On entend souvent, que même les enfants maltraités, aiment leurs parents malgré tout…..Idéaliser ses parents c’est que nous avons tous tendance à faire…..
    Mais lorsqu’un jour, on découvre, que son père est un menteur pathologique et cache des heures sombres, comment peut on accepter son histoire.
    Avec beaucoup de franchise et de sensibilité, Sorj Chalendon aborde le terrible passé de celui qu’il croyait résistant. Par un parallèle entre le procès de Klaus Barbie, qu’il couvre pour la presse, il tente de comprendre et de faire reconnaître la vérité de son existence et de ses fautes à son père.
    Mais une vie de mensonges n’est pas si simple à accepter.
    Enfant de salaud, nous replonge dans cette guerre et toutes les horreurs engendrées par le nazisme.
    C’est un très beau livre, sur la mémoire, sur toutes les souffrances mais, aussi sur celle d’un petit garçon qui a toujours voulu aimer puis sauver son père, sans y parvenir.
    Un moment de lecture précieux.


  • Conseillé par
    31 août 2021

    "Enfant de salaud" est juste impeccable !

    Le narrateur, en même temps qu’il couvre le procès Barbie, se souvient de son grand-père qui le traitait « d’enfant de salaud » et confronte son père affabulateur pathologique à la réalité. Entre les mensonges glaçants de Barbie et les petits arrangements minables du père avec son histoire, le narrateur se livre à une enquête passionnante. Une quête de vérité ; la vérité, quelle vérité ? "Enfant de salaud" est juste impeccable !


  • Conseillé par (Libraire)
    26 août 2021

    Fascinant et touchant

    Journaliste Sorj Chalandon a besoin du réel pour construire un roman. Reporter au procès de Klaus Barbie à Lyon en 1987, il sait que son père est dans la salle d’audience. Plus de trente ans plus tard, après le premier confinement, il découvre la procédure judiciaire émise à son encontre à la fin de la guerre. Il a la confirmation que son père était « du mauvais côté ». Alors le journaliste devenu romancier met en parallèle le destin du nazi et d’un français qui revêtira pendant la guerre 5 uniformes et évitera la peine de mort à une voix près. Il mêle la petite et la grande Histoire dans un parallèle fascinant. Mensonges, traitrise, on retrouve le style et l’humanité des meilleurs romans de Chalandon. Les pages du procès sont magnifiques de pudeur et de force. Les pages sur le père sont féroces et violentes. Le tout constitue un des grands romans de cette rentrée littéraire.

    Conseillé par Eric et Vanessa


  • Conseillé par (Libraire)
    23 août 2021

    Quel plaisir de retrouver l'écriture de ce grand auteur !

    Sorj Chalandon nous signe une nouvelle fois un récit sensible, dur et émouvant. A la fois récit historique et récit personnel, il se lit d'une traite !


  • Conseillé par (Libraire)
    21 août 2021

    Sorj Chalandon part à la recherche de l'histoire de son père et démêle enfin tous ses mensonges.
    Une confrontation père/fils dans une quête de vérité mêlant histoire familiale et procès historique.
    Poignant et profond!


  • Conseillé par
    18 août 2021

    Vraiment à recommander !

    Récompensé par le prix Albert Londres pour avoir chroniqué le procès de Klaus Barbie pour le journal Libération en 1988, Sorj Chalandon met en perspective les moments cruciaux de ce procès avec l’histoire du narrateur, journaliste, qui découvre le passé caché de son père au moment de la seconde guerre mondiale.
    Parce que, un jour, son grand-père a murmuré à son encontre lorsqu’il était petit, « Enfant de salaud » après lui avoir raconté qu’il avait vu son père habillé d’un costume de l’armée allemande sur la place Belcourt à Lyon pendant la seconde guerre mondiale, le narrateur profite qu’il couvre en sa qualité de journaliste le procès Barbie pour enfin remonter la source de cet affront personnel, gravé à l’enfance et jamais effacé à l’âge adulte.
    Le père veut assister à ce procès historique. A cette occasion, le narrateur trouve la force d’interroger les archives départementales pour retrouver son dossier judiciaire et tenter de découvrir la vérité. En convoquant son père à réinterroger son passé, le narrateur espère trouver explication pour l’homme qu’il est et a été, ce père mythomane qui provoque la tragédie.
    Que faisait-il pendant que les quarante quatre enfants d’Izieu et sept de leurs accompagnateurs étaient arrêtés par la Gestapo sous le commandement de Klaus Barbie ? Qui a dénoncé cette colonie de vacances comme communauté d’enfants juifs ? Est-ce que ce père peut, tel un « Lacombe Lucien », avoir quelque chose à voir avec cette tragédie ?
    La suite avec photos ici
    https://vagabondageautourdesoi.com/2021/08/18/sorj-chalandon-2/


  • Conseillé par
    14 août 2021

    le vrai du faux

    Nous sommes en 1987. Le narrateur, journaliste, couvre le très médiatique procès de Klaus Barbie. Pris dans ce grand moment de l'Histoire contemporaine, alors que les survivants sont toujours là pour témoigner, il se retrouve pris dans les affres de son histoire familiale. Son grand-père lui avait dit qu'il était un "enfant de salaud", mais la réalité qu'il va découvrir sur l'incroyable guerre de son père dépasse tout ce qu'il avait imaginé.
    Un livre fort et poignant dont Sorj Chalandon a le secret.