Le tueur au caillou

"C'est une histoire qui vient du passé... Mais il y a un problème : on ne
trouve rien dans le passé récent, et le passé lointain est trop lointain pour
qu'on puisse fouiller dedans." Cela se passe à Milan, presque dans le centre-
ville, et pourtant ça sent la banlieue, dans une sorte de cité qu'on appelle
La Caserne. Une densité de population effarante, plus de six mille
appartements HLM, si vétustes que la mairie préfère ne pas les rénover. Aux
côtés des pauvres historiques, viennent s'installer les nouveaux pauvres, qui
défoncent les portes et mettent des loquets : collectifs pour le droit au
logement, immigrés clandestins, marginaux qui paient de leur poche les
Calabrais qui gèrent les logements dans ce petit état-providence autogéré. Et
puis les trafics pour s'en sortir face à un taux de chômage et de misère qui
dépasse l'entendement. Un de ces lieux dont la presse et les JT ne parlent que
lorsqu'il est question de sécurité ou de racisme. À quelques kilomètres de là,
dans une rue d'un quartier cossu, un riche entrepreneur sexagénaire est tué de
deux coups de pistolet. Un vieux pistolet. Sur le cadavre, un caillou. La vie
de l'homme est irréprochable. Une autre victime suit. Pour faire face au
"retour du terrorisme", le ministère envoie une escouade d'experts venus de
Rome et, histoire de donner du grain à moudre à la presse et à l'opinion
publique, un profiler israélien qui ne fait que débiter des banalités sur la
personnalité de ce nouveau tueur en série. Mais en parallèle, l'enquête est
menée par une équipe clandestine, créée pour que le vrai travail soit fait
loin des projecteurs et de l'hystérie médiatique : Ghezzi et Carella sont deux
policiers radicalement différents mais qui ont un même goût pour la vérité et
un même dégoût pour les convenances. Alors que la presse et l'équipe
officielle cèdent au racisme ordinaire et s'orientent vers le terrorisme
islamiste, l'équipe souterraine comprend assez vite que la piste à suivre
remonte à un passé très lointain, à l'époque où Milan voyait naître et se
dissoudre en l'espace de quelques semaines un nombre incroyable de
groupuscules d'extrême-gauche, plus ou moins attirés par la lutte armée. Mais
la question qui taraude les enquêteurs et reste longtemps sans réponse est :
qui se met à faire justice plus de trente ans après, et pourquoi ?
Inévitablement, Carlo Monterossi, auteur de la télé poubelle italienne et
héros de la série d'Alessandro Robecchi, finit par trébucher lui aussi sur
l'affaire des cailloux : alors qu'il récupère avec son ami détective Oscar
Falcone une bague volée à son agente, une véritable pièce de musée, il a vent
du fait qu'un homme, mort en prison récemment, en savait long sur les deux
victimes...