Jean T.
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À la fin d'un repas, un banquier expose à son commensal sa vision de l'anarchisme. Il explique que dans un groupe qui s'est constitué pour lutter "contre les fictions sociales" il y a toujours quelqu'un qui dominera, ce qui est "exactement le contraire de la doctrine anarchiste", et qui, dans ce genre de groupe, crée "une dictature nouvelle".
Il ne manque pas d'arguments pour emberlificoter son convive et lui faire admettre que s'il est banquier, c'est à cause de ses convictions anarchistes. Il s'estime libéré de toutes les fictions sociales, donc, étant libre d'être ce qu'il veut, il est banquier et un banquier qui gagne de l'argent. En gagnant de l'argent, il gagne de la liberté. Il pourrait accepter un système d'entraide, mais il pense que s'entraider avec un autre est le mépriser, le considérer comme incapable d'être libre.
Le court texte de Pessoa est un pamphlet contre un système capitaliste qui pervertit les valeurs humanistes des personnes. Le banquier adapte l'idéologie de l'anarchie à sa réalité, ce qui lui permet d'affirmer que gagner de l'argent sur le dos des autres n'est pas sa motivation.
La conversation du banquier avec son convive pas très réactif est d'une grande logique. Pourtant, elle ne m'a pas convaincu, mais elle m'a bien fait rire (jaune, évidemment).
À noter que cette nouvelle est la seule œuvre de fiction publiée du vivant de Fernando Pessoa et signée de son vrai nom.