Yv

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Je lis, je lis, je lis, depuis longtemps. De tout, mais essentiellement des romans. Pas très original, mais peu de lectures "médiatiques". Mon vrai plaisir est de découvrir des auteurs et/ou des éditeurs peu connus et qui valent le coup.

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1 septembre 2017

Gros double roman de 500 pages, lourd mais idéal pour l'été. Le premier roman est écrit par Véronique Biefnot qui place son décor en 1980. Magie, surnaturel, ésotérisme, enfin tous les mots qui décrivent les histoires avec des fantômes du passé, des phénomènes inexpliqués et inexplicables, sont les bienvenus ici. Ce n'est pas forcément mon genre de prédilection et je dois avouer que cette première partie ne m'a pas convaincu réellement. Je l'ai lue assez vite, en diagonale pour arriver à une fin inattendue, c'est ce que j'ai le plus apprécié.
Je suis alors passé au second roman qui répond au premier, vingt ans plus tard. L'écriture me sied davantage et le mystère itou, puisque l'on sait que les deux histoires sont imbriquées l'une dans l'autre mais que l'on ne sait pas encore comment. Je suis sans doute plus sensible à l'écriture de Francis Dannemark qu'à celle de Véronique Biefnot, car il est vrai que j'ai moins survolé l'histoire de Maud. Mystère et surnaturel sont aussi au programme avec un peu plus de réalisme néanmoins, une histoire un peu plus ancrée, ce qui explique sûrement ma réaction, moi le mec terre-à-terre qui cherche parfois à se raccrocher à des détails pour sentir la véracité d'une intrigue.

Si je ne suis pas hyper enthousiaste, je dois dire que ce gros roman fera le bonheur de beaucoup de lecteurs (trices) qui aiment plus que moi ces atmosphères. Et l'idée de ces deux romans qui se parlent sans être écrits par le même auteur, je la trouve excellente. Le couple Biefnot/ Dannemark la réalise avec talent et le plaisir qu'ils ont mis à la mettre en œuvre se ressent dans les pages, très agréables.

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1 septembre 2017

Roman nordique sélectionné pour le Prix du meilleur polar Points. Beau choix. On ne peut plus classique dans la forme avec un enquêteur qui cherche les moindres indices, la plus petite piste et des intermèdes en italique d'une future ou ancienne victime agressée chez elle. Pour le fond, rien de bien neuf non plus pour qui connaît un peu la littérature policière nordique. La neige, le froid, les conditions de vie très dures qu'ils impliquent, les caractères trempés. Néanmoins, la petite ville où tout le monde se connaît et personne ne peut bouger une oreille sans que son voisin et donc bientôt toute la communauté le sache apporte une nouveauté, ainsi que le jeune flic nouvellement débarqué qui, comme nous lecteurs, découvre la vie à Siglufjördur et les us et coutumes du coin. Natif de la ville l'auteur sait de quoi il parle et raconte bien son passé riche et animé grâce à la pêche aux harengs, depuis presque disparue et donc l'exode qui suit, vers le sud, Reykjavík en particulier. Pour le fun, les noms sont toujours aussi compliqués à lire qu'à prononcer, ce qui rajoute un brin d'exotisme.

Dans ce modèle assez formaté, Ragnar Jónasson tire très largement son épingle du jeu et son histoire se suit avec entrain et beaucoup de vivacité sans aucune lassitude. J'ai suivi Ari Thór dans sa découverte de la ville et de ses habitants avec plaisir et même si l'enquête proprement dite ne débute que tardivement, toute la première partie est intéressante par ce qu'on y apprend. Elle permet également de faire connaissance avec un personnage qui revient dans un deuxième tome intitulé Mörk -qui se déroule cinq ans plus tard- et qui me tente terriblement.

Je ne sais pas encore si Snjór sera mon choix final pour le Prix du meilleur polar Points, mais il est en bonne position. Il faut dire qu'il gagne pour le moment, faute de combattants, j'ai abandonné le premier livre reçu...

Une enquête de Nicole Laguna et du qomaandaan Kandar

Points

9,40
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1 septembre 2017

Livre sélectionné pour le Prix du meilleur polar Points pour lequel je suis juré. Sûrs de leur fait, les éditeurs ont ajouté un bandeau "Captivé ou remboursé !" avec les modalités au dos pour se faire effectivement rembourser au cas où le roman ne plairait pas. C'est gonflé et bien joué, mais le problème c'est que le premier point est "Acheter Baad le roman de Cédric Bannel..." Bon, je ne peux pas me faire rembourser puisque l'on m'a envoyé ce livre... Dommage ! Car force m'est de dire que je n'ai pas été captivé, à peine intéressé. Difficile de dire pourquoi. L'ensemble ne prend pas, je trouve pas mal de longueurs, des passages superflus. Cela peut être aussi la manière de raconter qui ne me sied point. Rien de rébarbatif pourtant. En fait, je ne parviens pas à m'intéresser aux soucis des uns et des autres, ni aux enquêtes, ni même au contexte afghan qui pourtant devrait me plaire.

C'est ma première lecture pour ce prix, j'espère que les autres seront meilleures, sinon, je vais me faire jeter... Moi qui ne postulais plus pour des jurys, mon démarrage n'est pas folichon. Pour ce prix, je dois recevoir 9 titres, j'en ai deux autres qui m'attendent pour cet été, un islandais et un étasunien.

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1 septembre 2017

Roman très féminin et féministe, peuplé de femmes battues, de femmes qui se battent pour faire éclater la vérité et sortir les autres du cycle de la violence et d'hommes brutaux, violeurs et assassins, machos au possible, sûrs de leur force et de leur supériorité. Certes, il y a aussi des mecs bien, le capitaine Humbert en tête, mais le genre garçon est mis à mal dans ce polar qui s'inspire de faits réels. Ce préambule n'est absolument pas négatif, au contraire. On sait, on nous le dit régulièrement, que des femmes meurent sous les coups de leurs compagnons, que beaucoup se font violer, harceler, frapper, mais la justice est souvent relativement clémente avec les hommes coupables de ces faits. Marie Vindy écrit là un roman de femme indignée et révoltée et tout lecteur en ressort remué par la perversité des auteurs de violences sur les femmes. Marie Vindy, je l'avais déjà lue dans Une femme seule, un polar que j'avais bien aimé et dans lequel le capitaine Humbert était déjà présent. Lorsque j'ai vu qu'elle avait écrit chez Sang neuf, le mien n'a fait qu'un tour et après deux relatives déceptions chez cet éditeur, je pensais bien qu'une femme réussirait à me faire changer d'avis. C'est largement le cas.

J'ai aimé le rythme délibérément lent, les histoires sont anciennes et peu de chance que que de nouveaux éléments viennent mettre le feu à la région, mais elles avancent doucement ; le travail de Déborah et des gendarmes est méticuleux, minutieux, ils engrangent des témoignages, des indices, des preuves les menant vers les coupables. J'ai aimé aussi les multiples points de vue, celui du major Élise Félicité, ceux des mères ou amies des victimes, celui de Déborah, celui de Laurine, et même si le grand nombre d'intervenants m'a un peu perturbé au départ, la romancière nous rappelle les faits et les liens des personnes entre elles régulièrement et judicieusement.

Marie Vindy écrit un roman original par sa construction en petits chapitres aux multiples points de vue exclusivement féminins, par le fonds malheureusement très actuel et présent dans nos sociétés ; regrouper toutes ces violences dont sont victimes les femmes -même Déborah n'est pas épargnée par son ex-mari, comme quoi toutes les femmes de toutes les classes sociales peuvent être harcelées ou pire- fait de ce roman un cri de colère et d'alarme. Un roman à faire lire à toutes les femmes et à tous les hommes, parce que bien sûr, les violences faites aux femmes en particulier et le féminisme en général ne sont pas des affaires exclusivement de femmes.

ou La fin des hommes

Seuil

21,00
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1 septembre 2017

Dans la nuit du 18 au 19 janvier 2011, Laëtitia Perrais disparaît. Elle a dix-huit ans, est élevée en famille d'accueil près de Nantes et son corps est retrouvé plusieurs semaines après cette nuit-là, découpé, au fond d'étangs de la région. Le coupable est assez vite appréhendé : il s'agit d'un délinquant récidiviste, qui, jusqu'ici n'avait jamais tué. Le fait divers est bientôt affaire nationale car le président de l'époque, Nicolas Sarkozy s'en empare en accusant les juges de ne pas avoir fait leur boulot et d'avoir laissé un récidiviste en liberté non surveillée, un de ses thèmes de campagne préférés. Fait sans précédent, peu après, juges et avocats descendent dans la rue et manifestent contre le manque de moyens de la justice.

Ivan Jablonka écrit une étude sociologique et historique sur l'affaire Laëtitia. Il revient sur l'enfance des jumelles Laëtitia et Jessica, ce qui a amené un juge à prendre la décision de les retirer à leurs parents et leur parcours jusqu'à l'arrivée en famille d'accueil. Puis, il s'attarde sur leur vie dans cette famille d'accueil, chez les Patron. Lui, le père abusera de Jessica comme il a abusé d'autres jeunes filles.

Je n'ai pas suivi l'affaire très attentivement et pourtant -ou parce que- je suis moi-même assistant familial, avec le même employeur que Gilles Patron, mais je dois dire que dès les premiers instants, je ne le trouvais pas à sa place, puisque clairement, il prenait celle du père qu'il n'est pas pour les deux filles. Omniprésent et ostensiblement. Je n'aurais pas agi de la même manière mais serais resté en retrait et surtout, jamais je n'aurais accepté d'être reçu comme la famille par N. Sarkozy -bon, je crois que quelque soit la raison, je n'aurais pas accepté de rencontrer N. Sarkozy. La mise en avant de Gilles Patron, qu'il a lui-même orchestrée, me mettait mal à l'aise et c'est fort justement que cet homme devenu un "bon client" pour la presse fût descendu en flèche, assez violemment, par la même presse lorsqu'il fut convaincu de pédophilie et de relation coupable ou d'attouchements avec Jessica et certaines de ses copines qui passaient à la maison.

En fait, globalement ce livre me met mal à l'aise. Toute son ambiguïté est dans le fait qu'il dénonce la métamorphose de Laëtitia en un simple fait divers, une affaire qui passionne journaux et badauds pendants quelque temps, dépersonnalisant cette jeune fille de dix-huit ans, et que, quelques années après l'emballement médiatique et populaire, l'auteur participe lui aussi à cela en le rappelant à tous par le biais d'une enquête sociologique et historique.

Néanmoins, en remettant l'affaire dans son contexte historique régional, judiciaire et politique, Ivan Jablonka permet de réfléchir et de comprendre les attitudes de chacun à cette période. Nicolas Sarkozy en prend pour son grade. Il a voulu instrumentaliser l'affaire à des fins bassement politiques, reprochant aux juges de ne pas faire leur travail et dans le même temps en supprimant nombre de postes de fonctionnaires. Comme à chaque affaire un peu sensible ou médiatique, il a voulu légiférer sous le coup de l'émotion des Français plutôt que de prendre un temps de réflexion avant d'agir. Ivan Jablonka rend hommage à la justice et à ceux qui la font : juges, avocats, enquêteurs qui ont fourni un travail phénoménal pour faire juger Tony Meilhon l'assassin de Laëtitia et Gilles Patron le violeur de Jessica.

Il m'a été difficile de lire ce livre jusqu'au bout, car à chaque fois, je pensais à Laëtitia et à Jessica qui n'ont du haut de leur dix-huit ans à l'époque des faits subi que violences et trahisons des adultes. D'abord témoins de la violence de leur père, puis victimes de violences sexuelles de la part de celui qui devait les protéger -au moins Jessica, pour Laëtitia, rien n'est avéré-, puis victimes d'assassinat. Je dis victimes car, outre Laëtitia qui est morte, Jessica est elle aussi une victime qui a tout perdu et tente de se reconstruire. Cette histoire qui a eu du retentissement dans ma région et dans mon travail, mais c'est moindre mal par rapport à ce qu'on subi ces deux jeunes.