Sous le charme de Lillian Dawes

Katherine Mosby

Folio

  • Conseillé par
    11 septembre 2010

    Une écriture délicate mais jamais mièvre

    Je pourrais débuter mon article en évoquant les personnages excentriques que l'auteur met en scène dans le New-York des années 50.

    Le milieu décrit est celui de la bonne société huppée et évidemment le lecteur est invité à s'attacher davantage à Lavinia Gibbs et son chien M.Phipps, vieille dame richissime et bohème plutôt qu'à ses frères, de ternes financiers ou juges qui ne réfléchissent qu'en termes de rentabilité et de respectabilité. Cette dame âgée traite son neveu, Gabriel, le narrateur, comme son animal : elle le considère comme mignon et d'agréable compagnie mais sans réel conversation ni personnalité. C'est ce jeune homme de dix-sept ans, renvoyé de son collège et confié provisoirement à son frère aîné Spencer, qui va nous raconter l'histoire de Lillian Dawes, une mystérieuse inconnue qui semble se glisser dans toutes les soirées mondaines et les week-end à la campagne sans que personne ne sache réellement qui elle est.

    Tiens, j'ai effectivement commencé par les portraits des principaux antagonistes, pourtant ce n'est pas ce qui m'a le plus charmée dans ce roman. Katherine Mosby écrit délicieusement bien, elle capte avec subtilité les ambiances, les tourments d'un coeur amoureux pour la première fois, les relations parfois délétères au sein des familles. Certaines phrases sont un tel bonheur de lecture qu'on se surprend à les relire plusieurs fois avant de continuer le récit. Elle a choisi pour la préface cet extrait de "Madame Bovary" de Flaubert :

    "La parole humaine est comme un chaudron fêlé où nous battons des mélodies à faire danser les ours, quand on voudrait attendrir les étoiles"

    Je la trouve dure avec sa prose qui a su me toucher. Pour preuve, je vais me procurer au plus vite son nouveau roman "Sanctuaires ardents" pour le plaisir de retrouver sa "patte" qui n'est pas celle d'une ourse !