Le premier été

Anne Percin

Le Rouergue

  • Conseillé par
    15 août 2012

    adolescence, amour, différence

    Ne vous fiez pas à l'image de la couverture, bien jolie, bien douce, évoquant un été paisible. Même si le roman commence de cette façon, ce qu'il décrit est brutale, sans concession, la vie quoi.

    Toutefois, en refermant le roman, je m'étonne : quelle résilience de la part de la narratrice. Garder en elle un tel secret pendant des années, je lui tire mon chapeau. Ce point me paraît peu crédible, humainement parlant.

    Et puis la fin fait "flop". Les soeurs rentrent le tapis. Pas de questions, pas de réactions, rien. Bizarre.

    Ceci dit, je ne boude pas mon plaisir, car j'ai passé une très belle après-midi de lecture, même si la fin m'a déçue.

    L'image que je retiendrai :

    Que les enfants sont cruels....

    http://motamots.canalblog.com/archives/2012/07/28/24603813.html


  • Conseillé par
    24 novembre 2011

    Touchée au coeur...

    Anne Percin a cette qualité que je traque chez les écrivains : le mot juste. Quand elle dépeint les vacances d'été des deux soeurs Catherine et Angélique chez leurs grands-parents en Haute-Saône, le lecteur se trouve transporté dans La France rurale des années 80. Le quotidien des deux adolescentes chez Pépé et Mémé entre le ramassage des haricots le matin, les courses au bourg où la grand-mère s'arrête tous les cinq pas pour faire la causette, les après-midi à la piscine qui abritent les amours naissantes entre ceux du cru et celles de la ville, tout sonne vrai. Les filles mangent des Krémas, boivent du Citror, écoutent Etienne Daho, lisent Podium et font les tests pour savoir "Quelle sorte d'amoureuse elles sont".
    L'auteur sait évoquer les gens simples, les jours qui passent sans réel temps fort, la vie qui transforme les deux soeurs en presque femmes.


    L'été du roman, Catherine a seize ans et Angélique dix-huit. L'aînée commence à s'intéresser au sexe opposé et la cadette regrette leur complicité d'antan, quand il n'y avait qu'elles deux contre "le monde entier". Cet été nous est raconté par Catherine dont les sens s'éveillent et que ce changement affole. Elle devient un être "désirant" et accepte difficilement cette évolution. La société d'ailleurs lui rappelle par l'intermédiaire des magazines féminins que les filles ne doivent pas aller trop loin dans certains "domaines". Seulement voilà elle tombe par hasard lors d'une de ses promenades à travers la campagne sur un jeune homme nu qui, loin du regard des autres, offre son corps à la chaleur du soleil d'août. Son coeur, plutôt que sa raison s'emballe et c'est le début d'une histoire qu'elle enfouiera ensuite au fond de sa mémoire.
    Tout est juste aussi dans la relation que cette jeune fille entretient avec son corps qui change, avec les autres ados qui lui semble superficiels, avec la communauté villageoise et son comportement conformiste et moutonnier. Tout est vrai jusqu'à ce geste empreint d'amour et de chagrin quand elle écrit sur une poutre du grenier le doux prénom de Sébastien.
    Un grand moment d'émotion, un grand livre qui parle de la différence d'une manière qui m'a touchée au coeur.
    Merci Anne Percin.


  • Conseillé par
    12 septembre 2011

    Le premier été d'Anne Percin

    Dès le début de ce livre on apprend qu'il y a eu un drame quinze ans auparavant. Pour la curieuse et l'impatiente que je suis, il m'a fallu attendre pour savoir ce qui s'était passé durant cet été là.

    Catherine va raconter à sa sœur ce qu'elle n'a jamais dit à personne en profitant d'un moment où elles ne sont que toutes les deux pour vider la maison de leurs grands-parents.

    J'ai beaucoup aimé l'écriture de l'auteur, sa façon de raconter les évènements. Sans rien dévoiler on a l'impression que la tension monte mais je me demandais bien vers quels chemins elle voulait m'emmener.

    "Essaie de te dire qu'il s'agit d'une histoire que tu ne connais pas, avec des gens qui ne te concernent pas. Je sais, ça demande un effort d'imagination. C'est pour ça que j'en rajoute un peu, que je brode, que je prends mon temps. Pour que tu sois prise dans mon histoire et que tu ne voies rien d'autre que ça." p.78
    Ce petit extrait reflète exactement ce que j'ai ressenti, j'étais prise dans l'histoire. J'avais peur que le mystère ne soit pas à la hauteur de mon attente, car oui il faut attendre pour connaître le fin mot de ce drame. Alors moi je dis bravo à l'auteur car j'ai vraiment été touchée par cette histoire, par ce qui est arrivé, par cette ado qui se cherche.

    J'ai aussi beaucoup aimé ces chansons qui sont également celles de mon adolescence, ces vacances à la campagne qui m'ont rappelé les miennes.

    Et la fin .... c'est triste mais j'ai beaucoup aimé, vraiment.


  • Conseillé par
    6 septembre 2011

    Déconcertant mais si bien écrit

    L'histoire commence tout doucement. Anne Percin pose les jalons d'un univers que les quadras reconnaîtront facilement: la soeur de Catherine lit les articles sur Madonna dans Podium et OK! , on entend Forever Young, Téléphone et Precious Little Diamond ,on boit du Tang et surtout, on retrouve les images dans le chocolat Poulain. Bref, on est en pleine nostalogie et ça fait du bien. Catherine préfère The Cure aux Rita Mitsouko. elle ne le dit pas puisque tout le monde adore les Rita Mitsouko. Et ça, c'est le grand problème de Catherine, elle est différente mais elle est incapable d'assumer cette différence, à tous les égards.

    En plus de décrire avec précision une époque, Anne Percin écrit vraiment très bien, par exemple lorsqu'elle décrit le premier rapport sexuel et la découverte du sexe masculin:

    On ne sait pas ce qu'il faut faire avec ça, ce sexe au garde-à-vous qu'on n'osait même pas imaginer, qu'on ne voyait pas avant quand il reposait bien tranquille dans son nid de poils, lorsque le garçon dormait au bord de la rivière. Il n'y a qu'à attendre que ça trouve son chemin. C'est comme une petite bête qui cherche. Ca finit par trouver. Et alors là, c'est le plus étonnant.

    Ce roman marque le passage à l'âge adulte et est mis en parallèle avec l'histoire du petit Alain qui quitte l'enfance en se rendant compte de la cruauté des humains et cette double désillusion, celle d'Alain et celle de Catherine, est réussie.

    Tous les crève-cours de l'enfance sont des souleurs saignantes qui se referment et laissent des cicatrices. La sagesse n'est rien d'autre qu'un réseau de stigmates.

    Voilà une belle phrase mais avec laquelle je ne suis pas d'accord: les stigmates de l'enfance engendrent pour moi la violence ou la rebellion, pas la sagesse. Et c'est un peu comme ça dans tout le roman, je ne suis pas d'accord avec Catherine (qui, j'ai l'impression, porte le regard de l'auteure) sur de nombreux points et notamment sa manière de critiquer sa soeur qui semble vivre une histoire terne. A l'adolescence, je n'imagine même pas qu'on puisse vivre une telle histoire, où on se quitte sans douleur juste parce que c'est la fin des vacances. Ce roman est la point de vue désabusé de Catherine sur un moment de vie. Si l'atmosphère est bien rendue, ce sont les personnages parfois trop clichés qui m'ont gênée. Je n'ai jamais réussi à cerner la narratrice qui me semble dès le départ avoir un problème dans sa relation aux autres et qui fait porter le poids des erreurs qu'elle commet aux autres.

    C'est étrange, j'ai dévoré ce roman, l'ai refermé le soir en me disant qu'il était vraiment très bien et me suis réveillée avec un sentiment de malaise, en me rendant compte que certains aspects de l'histoire me posaient problème (mais je ne peux pas vous dire lesquels pour ne rien dévoiler). Je ne peux pas vous en dire plus mais je suis presque sûre que celle qui aiment cette auteure adoreront ce roman et ne ressentiront pas le petit goût amer qu'il m'a laissé. A déconseiller, peut-être, aux amoureux des chats à cause d'une scène criante de réalisme.


  • Conseillé par
    27 août 2011

    Dans un petit village d’Haute-Saône, Catherine, trentenaire, et sa sœur aînée Angélique vident la maison de leurs grands -parents décédés. Enfants puis adolescentes, elles y passaient leurs étés. Mais pour Catherine, ce retour est une épreuve car elle ne peut s’empêcher à un été bien particulier. Celui de ses seize ans.
    Catherine porte un secret depuis toutes ces années. Un secret dont la culpabilité la hante encore quinze ans plus tard. Car l’été de ses seize ans, tout a basculé sans que personne ne le sache. Cet été là, Madonna et Etienne Daho avec Tombé pour la France cartonnent à la radio, les chemisiers à épaulettes font fureur… Les copains du village qu’on retrouve ou pas et puis il y a ceux de la colo. Deux bandes à part. Angélique et Catherine partagent leurs journées entre la cueillette des haricots verts et la piscine municipale. Alors qu’Angélique flirte avec un gars de la colo, Catherine reste en retrait. Timide, plus réservée, elle côtoie et imagine l’amour via les personnages de ses livres. Les vacances de Catherine et d’Angélique, on aurait pu (ou a pu) les connaître.

    Dès le début du roman, on ressent une tension. Une tension distillée qui va monter en crescendo comme la chaleur couvée d’un orage. Anne Percin l’installe avec finesse. Brillamment. Et puis, on reçoit la vérité délivrée par Catherine. Parce qu’il y a des paroles, des actes qu’on aurait pu (ou qu’on a pu) commettre ou dire à ce même âge pour se fondre dans la masse. Et quand on y repense, ça fait très mal parce les stigmates sont indélébiles.

    J’ai refermé ce livre scotchée et il m’ a fallu du temps pour reprendre pied avec la réalité. Une fois de plus, Anne Percin excelle à sonder l’indicible des émotions et des tourments. Remarquable !
    Avec ce nouveau livre, Anne Percin confirme tout son talent et sa place d’auteur chouchou en ce qui me concerne.