Un fils de pub aux abois

Natalia Moret

La dernière goutte

  • Conseillé par
    28 février 2015

    Un passionnant thriller argentin, de la vraie littérature urbaine!

    Un thriller à cent à l'heure ! Tout y est urgent, pressant, oppressant. Javier est le narrateur, c'est donc à son rythme trépidant, relancé plus que fréquemment par des rails de coke plus ou moins pure, que nous parcourons Buenos Aires. Ses doutes deviennent les nôtres, son impatience suinte et électrise l'écriture. Un récit staccato exacerbé par l'alcool et la came, la peur et l'espoir. Admirablement écrit et traduit,

    Un fils de pub crache les volts, affiche un pouls à la limite de la rupture et scotche son lecteur!


    Malgré sa trentaine, Javier est un enfant! Un sale gosse capricieux qui ne supporte pas que le monde ne soit pas exactement comme il le veut. Comme un enfant, il exprime sans cesse une incroyable labilité émotionnelle. Ses grands sentiments varient d'un extrême à l'autre en fonction de la dernière situation vécue. Il peut être attendrissant comme exaspérant, amical comme redoutablement dangereux, téméraire comme pleutre au dernier degré.

    Il virevolte, est aussi saoulant que ses cocktails, nous enivre à essayer de suivre sa logique tordue par la dope et la peur, l'aveuglement de ses jugements hâtifs et sa course dingue qui change de but sans arrêt. Pur produit de la société de consommation, cet anti-héros est comme un poisson dans l'eau au sein du système, son cynisme lui tient lieu d'idéologie.

    "La clé du pouvoir est de caler son mépris sur le bon timing." (Javier)

    Et d'avoir quelques repères intangibles, des êtres au-dessus de tout soupçon : Marcel et Rosmari, ses dealeurs, et Bandini, son chat qui joue le rôle rassurant du "doudou"

    Le roi de la contradiction et de l'inconstance! Il aime Tatiana, il déteste Amanda. L'inverse est tout aussi vrai, le dernier aléa survenu déterminant le verbe à employer avec le prénom. Il cherche une image maternelle chez sa dealeuse et une image paternelle chez Frederico, il croit gérer alors qu'il se fait manipuler. Il espère contrôler alors qu'il est totalement en apesanteur. Il se colle la moitié de la production colombienne de cocaïne dans le pif, boit comme un trou, mais ne veut surtout pas se remettre à fumer, c'est mauvais pour la santé ;-)

    Natalia Moret met en scène une ville qui ne dort pas, qui s'abrutit à grandes doses de substances psychotropes. Même si l'empreinte des grands auteurs nord-américains est présente, elle a su trouver une mélodie qui lui est propre, une musique plus moderne pour servir une intrigue originale et forte. Ses personnages sonnent juste, son scénario passionne, l'intrigue tient en haleine, que demander de plus ?

    Un très grand thriller, déjà par sa forme, une narration haletante, hachée, qui convient parfaitement à l'ambiance et la situation, et par l'histoire bien déjantée qu'il nous fait vivre...

    La chronique complète sur Quatre Sans Quatre : http://quatresansquatre.com/article/chronique-livre-un-fils-de-pub-aux-abois-de-natalia-moret-1414081849

    L'interview de l'auteur : http://quatresansquatre.com/article/interview-natalia-moret-auteure-de-un-fils-de-pub-aux-abois-1424279743