La Parole et le marbre, Aux origines de la parole poétique
EAN13
9782251915982
Éditeur
Les Belles Lettres
Date de publication
Collection
Les Belles Lettres / essais
Langue
français
Langue d'origine
français
Fiches UNIMARC
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La Parole et le marbre

Aux origines de la parole poétique

Les Belles Lettres

Les Belles Lettres / essais

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Un professeur de l’École Pratique des Hautes Études, ayant accès aux rayons de
la Bibliothèque de la Sorbonne, garde ce souvenir datant des années 1980 : «
L’un des murs de l’étage des thèses était couvert d’un rayonnage rempli de
livres reliés en bleu azur. C’étaient les thèses de l’Université de Lund.
Cette surface d’un bleu azur parfait était troublée, toutefois, par un volume
devenu noir et littéralement hirsute à force d’avoir été manipulé : c’était un
volume que je connaissais bien, La parole et le marbre. » Rédigée en français,
la thèse de doctorat que Jesper Svenbro a soutenue en avril 1976 à
l’Université de Lund (Suède) a connu une diffusion certaine grâce aux
pratiques d’échange entre universités. Épuisée depuis longtemps, elle renaît
maintenant de ses cendres. De quoi s’agit-il ? Svenbro se propose d’y dresser
la généalogie du poète ou, plus précisément, de répondre à la question de
savoir pourquoi les Grecs ont choisi le terme poiētḗs pour désigner l’auteur
de chants ou de « poèmes », étant donné que ce terme signifie normalement «
producteur, artisan ». Comme si les poètes grecs anticipaient la formule de
Walter Benjamin, « der Autor als Produzent ». Pour mener son entreprise à
bien, Svenbro procède à une enquête sur la façon dont les Grecs se sont
représentés l’origine du chant ou du poème, d’abord chez Homère, où l’aède ne
se considère pas comme l’auteur de son chant, qui lui vient d’une divinité.
Pour le poète choral — qu’il s’appelle Simonide ou Pindare —, composant ses
odes sur commande et exigeant une rémunération en récompense, il devient en
revanche urgent de se poser comme leur auteur au sens juridique du terme afin
de pouvoir figurer comme partie du contrat établi entre commanditaire et
poète. C’est dans cette perspective que Svenbro nous invite à comprendre les
métaphores artisanales de la poésie chorale comme les traces d’une situation
où le poète devient l’artisan de ses compositions et, en tant que tel, digne
d’une rémunération. La poésie, langage désormais savamment travaillé, n’est
pas une effusion spontanée mais un objet fabriqué, une architecture, un
monument — à l’instar du Trésor des Athéniens à Delphes..
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