Dictionnaire impertinent de l'Île de France

DU MÊME AUTEUR

De Gaulle, l'esprit du possible, essai, Timée-Éditions, 2007.

La Conspiration Bosch, roman, avec Denis Lépée, Timée-Éditions, 2006.

1661, roman, avec Denis Lépée, Timée-Éditions, 2005.

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eISBN 978-2-8098-0937-4

Copyright © L'Archipel, 2009.

À Ann-Katrin,
qui partage avec intelligence et amour mes combats

À Quentin, Charles, Édouard et Pierre-Antoine

À mes amis Jacques, Michel et Jacques-Henri,
pour leur aide précieuse

« C'est une grande misère que de n'avoir
pas assez d'esprit pour bien parler, ni assez
de jugement pour se taire. Voilà le principe
de toute impertinence. »

Jean de La Bruyère, Les Caractères (1696)

Avant-propos

L'Île-de-France se prête-t-elle à un dictionnaire ? Rien de mieux, à mon sens, pour découvrir les forces et les faiblesses de ce terroir vraiment pas comme les autres.

Tout l'intérêt d'un dictionnaire réside dans son accessibilité: un « grenier de mots » sans entrée ni sortie où chacun puise ce qu'il veut au gré de sa curiosité. Chaque mot donne lieu à un article qui, selon le thème évoqué, expose une idée, esquisse un bilan ou exprime un coup de cœur.

C'est le fruit imparfait et forcément incomplet de mon expérience d'élu frotté huit fois au crin du suffrage universel, cette onction populaire qui vous donne force et légitimité et fait de vous un acteur et un témoin privilégié des réalités.

C'est aussi le résultat des réflexions et des rencontres de l'élu que je suis mais aussi du président et fondateur d'associations telles que Entreprendre Villes et Quartiers, La Seine en partage, ou encore l'Association française d'accession populaire à la propriété, sans oublier la nouvelle École de la deuxième chance.

Je vous convie donc à une promenade parmi les réalités disparates et parfois déconcertantes de la région-capitale, une visite dans les coulisses de cette Île-de-France si vaste et néanmoins si méconnue.

Le regard franc d'un Franc-Comtois devenu francilien en un quart de siècle.

Au fil des mots et des maux, sur un ton peut-être inhabituel chez un « homme politique », j'ai voulu répondre à quelques-unes des questions que le futur suggère à notre quotidien francilien.

Volontairement détaché de la course fratricide à la tête de liste pour représenter la majorité présidentielle lors des échéances régionales à venir, je vous propose ici ma vision de ce que pourrait devenir cette région à laquelle je suis viscéralement attaché.

Ce dictionnaire dresse aussi le portrait de certains de nos grands décideurs régionaux tels que je les perçois, sans complaisance.

Que ceux qui sont ici brossés me pardonnent s'ils paraissent quelque peu étrillés et que ceux qui ne sont pas cités ne se sentent pas pour autant oubliés.

DICTIONNAIRE

A

Aéroport

Ensemble d'installations soutenant le trafic aérien, indispensable mais quelque peu encombrant en Île-de-France.

Indispensable, car les deux principaux sites d'Aéroports de Paris – Orly et Roissy – œuvrent au développement économique et au rayonnement de l'Île-de-France. Encombrant, car la hausse constante du trafic nous oblige à exprimer une volonté régionale sur l'avenir de ces deux pôles.

Avec ses 82,5 millions de passagers, Aéroports de Paris se place en tête des aéroports européens.

La santé économique de ce secteur ne doit pas compromettre pour autant le précaire équilibre environnemental. Une troisième piste à Roissy évoquée en 1994, deux nouvelles pistes à Roissy suggérées en 1995, un troisième aéroport dans le Centre ou en Picardie envisagé en 1997, un dossier tombé aux oubliettes depuis 2003... Il appartient aux élus de faire prévaloir leur sens des responsabilités, de ne pas se dérober devant l'inéluctable et de préparer un projet vraiment concerté, à même d'ici à vingt ans de soulager l'Île-de-France des contraintes environnementales que préfigure le trafic aérien du XXIe siècle. Voilà pourquoi il me semble urgent de relancer le projet de troisième aéroport que la puissance publique a différé pendant quinze ans. Ce projet permettrait aux riverains des deux aéroports actuels de pouvoir dormir enfin en jouissant de vraies nuits sans avion.

Agence régionale du logement

Établissement public à créer d'urgence, dont la mission serait de fédérer tous les moyens existants pour répondre à l'angoisse de tous ceux qui cherchent à se loger décemment. Comment, en effet, accepter que l'Île-de-France ait construit moins de logements en 2007 que la Région Rhône-Alpes ?

Une telle agence regrouperait tous les acteurs actuels du logement, de manière à les mobiliser en vue d'un objectif commun : rechercher tous les terrains disponibles en Île-de-France pour programmer sur dix ans un plan exceptionnel de relance de la construction et de l'accès à la propriété.

Le conseil régional devra à cette occasion mieux affirmer son implication, pour le moins inefficace jusqu'à présent.

L'agence pourra aussi faciliter la vie des Franciliens en gérant par exemple un dossier unique de demande de logement, afin de soulager les familles lasses de devoir remplir autant de dossiers qu'il existe d'offices HLM, ou encore pour offrir à chaque locataire de plus de cinq ans un plan personnalisé d'accès à la propriété.

Agglomération parisienne

Expression générique désignant une concentration de villes autour de Paris.

Ce signifiant, mêlant confusément références historiques et données administratives, peine à incarner une véritable entité.

Contrairement à d'autres capitales européennes telles que Berlin, Londres ou Madrid, Paris n'a pas étendu ses limites officielles depuis 1860.

De fait, au fil des générations, le décalage sémantique s'est accru entre la « Ville de Paris » – la collectivité locale proprement dite –, la « métropole parisienne » – offrant l'apparence d'une continuité géographique – et la « banlieue », terme abstrait et incertain désignant les « franges plus lointaines » de l'Île-de-France où vivent les « oubliés du Grand Paris »...

Agriculture

Culture du sol francilien de plus en plus menacée par l'expansion urbaine.

En moins de cinquante ans, 100 000 hectares de terre fertile ont été absorbés par l'agglomération parisienne. Durant la même période, la population rurale a diminué de plus d'un tiers.

Le recul du secteur agricole ne se résume pas seulement, en Île-de-France, à un déclin économique.

Il importe donc avant tout de sauvegarder l'équilibre environnemental auquel les citadins eux-mêmes sont très attachés.

Douloureux paradoxe : l'agriculture est en repli dans notre région, alors que ses atouts sont intacts. Avec onze millions de consommateurs potentiels, elle réussit à pourvoir plus de 20 % du marché francilien. La fertilité des sols et les progrès notables de la technique agricole expliquent en grande partie cette performance.

Pourquoi l'Île-de-France renoncerait-elle à un tel savoir-faire ? Il faut au contraire lui donner une dimension d'avenir.

Pour mieux concilier qualité de production et équilibre environnemental, il convient de concevoir un ambitieux programme de promotion de l'agriculture, en particulier biologique afin d'approvisionner la restauration collective (voir aussi Cantines).

Ambitions franciliennes

En berne !

L'Île-de-France manque d'ambition ! Il suffit, pour s'en persuader, de parcourir le « schéma directeur » adopté récemment par la région Île-de-France. Ce document, laborieusement mis au point par la majorité régionale depuis trois ans, est largement critiqué pour son manque d'initiative. Le SDRIF est en réalité le fruit blet d'un marchandage entre les Verts, les socialistes et les communistes. Il n'est porteur d'aucune grande vision d'aménagement. Pis encore, il ne répond pas aux grandes préoccupations des Franciliens : Comment se loger et se déplacer dans de bonnes conditions ?

Il est vrai que depuis l'approche visionnaire du général de Gaulle et de Paul Delouvrier dans les années 1960, avec la grande épo...