Yv

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Je lis, je lis, je lis, depuis longtemps. De tout, mais essentiellement des romans. Pas très original, mais peu de lectures "médiatiques". Mon vrai plaisir est de découvrir des auteurs et/ou des éditeurs peu connus et qui valent le coup.

Delahaye hubert

Asiathèque

14,50
Conseillé par
1 décembre 2018

Sept nouvelles qui ont en commun la mer. Ou plutôt, les mers. Proches ou lointaines, toutes s'y rapportent, par les eaux, par les villes portuaires, par les bateaux, par les hommes qui en vivent...

Il y a du cinématographique, de ce cinéma des années 50, en noir et blanc qui racontait des histoires d'amour, des histoires d'amitié virile, des beuveries, des bagarres pour une femme ou un mauvais regard et toujours de l'humanité et du respect des uns envers les autres. Il y a des références aux grands écrivains voyageurs invétérés ou immobiles, dans les titres des nouvelles notamment : Hemingway, Conrad, Orwell, ... ; j'y ai vu aussi l'ombre d'Edgar Allan Poe. Hubert Delahaye les convoque ainsi que ses connaissances de l'Asie, des pays, des paysages, des hommes et femmes qui y vivent. Ses nouvelles d'environ vingt pages chacune racontent des petites histoires d'hommes et de femmes simples, qui, par obstination, par miracle, par hasard, ont vu leur vie changer -pas toujours pour du mieux-, et tout cela en bord de mer ou sur la mer.

Navigateurs, pêcheurs, acteur, cuisinier, plongeuse, ex-militaire, écrivain, tous ont leur moment de gloire dans les pages de ce recueil formidablement écrit, ainsi que l'était le précédent ouvrage de l'auteur : "Lettres d'Ogura". Fin et tendre, délicat et beau, même si comme moi, vous aimez la mer, mais pas de trop près (je ne nage pas), j'aime la voir, la sentir, marcher le long, vous aimerez ce livre publié par la maison L'Asiathèque.

Marie Vautier

Quadrature

15,92
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1 décembre 2018

Neuf nouvelles ayant en commun l'humain, la rencontre, la séparation, l'amour et le désamour.

- Un nouveau départ : très belle nouvelle sur la découverte de la poésie par une femme au quotidien très éloigné de la littérature.

- La bague : Marcus fait le ménage dans des bureaux, en attendant mieux. Il lie une relation par petits mots ou petites attentions avec une femme qui travaille dans un bureau qu'il nettoie.

- Poids plume : lorsqu'une femme meurtrie décide de quitter l'homme qui la trompe mais pas sans le laisser indemne de leur relation.

- Chambre océan : dans une chambre d'hôtel, un homme attend une femme, Élisa, avec laquelle il doit partir. Mais qui choisira-t-elle : lui ou l'homme à la moto ?

- Poupée miracle : qu'arrive-t-il lorsqu'on est un homme solitaire et que par erreur, un colis contenant une poupée gonflable est livré chez soi ?

- Réminiscence : un tableau vu dans la boutique d'un antiquaire ramène Irène quelques années en arrière.

- Une vie pour une autre : en entendant Adam Koffi, humanitaire ivoirien, raconter sa vie, Daniel se remémore la sienne passée dans le même pays.

- Finito : le dernier jour de travail de ce directeur d'école semble paisible sauf pour lui qui se questionne sur son avenir.

- Au-delà : assister à son enterrement, même pour un mauvais garçon, préparé à mourir brutalement, c'est une expérience.

Voilà pour les brefs résumés de ces nouvelles. Réalistes, souvent des petits moment de vies ordinaires, elles se lisent avec grand plaisir et sans la frustration de n'en savoir pas davantage sur les personnages mis en scène. On les accompagne un bout de chemin, ne les reverra pas, mais ils furent de belles rencontres, de celles qu'on aime à se rappeler. L'écriture de Marie Vautier est belle, limpide, claire. L'auteure décrit finement ses personnages et les liens entre eux, leurs doutes et questionnements, leurs angoisses. En prime, la poésie qui s'immisce dans les histoires...

Encore un bel ouvrage des éditions Quadrature, maison belge spécialisée dans la nouvelle.

Pierre Pouchairet

Jigal

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1 décembre 2018

Pierre Pouchairet n'épargne pas ses héros, Johana Galji en est la preuve, j'allais écrire vivante, tant le polar est réaliste, ce dernier adjectif rendant l'ensemble particulièrement flippant. Ancré dans l'époque -malheureusement ajouterais-je tant celle-ci est parfois violente-, ce roman raconte la naissance d'une cellule terroriste, ses moyens d'obtenir armes et financement, les réseaux qui lui permettent de se cacher dans le pays qu'elle veut frapper, les complicités actives ou passives, mais aussi le travail de fourmi des policiers chargés de traquer et débusquer les terroristes. Chaque petite découverte les lance sur une piste, sur une autre recherche à faire, et déroulant les fils, ils parviennent ainsi patiemment à des découvertes qui font parfois, comme le dit le bandeau sur la couverture, froid dans le dos.

Pierre Pouchairet, ancien flic à Versailles sait de quoi il parle et c'est sans doute pour cela que ses polars sont aussi réalistes. Cette fois-ci, de nouveau, il fait mouche et bien malin qui pourra lâcher ce roman avant la fin et qui n'aura pas en tournant une page ou une autre, une seconde de panique en pensant au machiavélisme et à la haine des terroristes. Excellent, comme d'habitude. La cuvée Jigal 2018 est addictive et hautement recommandable et recommandée.

Multi primé pour ses précédents romans, tous excellents même lorsqu'il fait des infidélités à Jigal polar, Pierre Pouchairet collabore sur ce titre avec Yves Saint-Martin et tous les droits d'auteurs seront versés à l'orphelinat mutualiste de la police nationale, Orpheopolis.

Cohen & Cohen éditeurs

16,00
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1 décembre 2018

Court récit noir, comme souvent avec Marc Villard, qui -comme toujours chez Marc Villard- fait le tour de la question sans tergiverser et s'embarrasser de circonvolutions oiseuses. Les deux malfrats sont des gens simples, pas vraiment des cadors, juste une sœur entraînée par son frère paumé et qui, tous deux vont très vite se retrouver aux prises avec des gens d'une catégorie supérieure dans le crime. Marc Villard écrit là, une histoire à la Bonnie and Clyde (moins hémoglobinesque tout de même, cette référence m'est venue plutôt dans les descriptions de Patti et Dan), autour de l'œuvre de Jackson Pollock. Un bref portrait de l'artiste est dressé, de sa personnalité plus que de ses toiles, alcoolique invétéré mondialement connu, qui a révolutionné l'art abstrait.

C'est très bien fait, rien de superflu, et l'auteur en plaçant son histoire à l'époque de Pollock nous évite les références aux portables, à l'ADN, à tout ce qui abonde dans les polars d'aujourd'hui et qui, gâche parfois mon plaisir. Donc rien de gâché, au contraire, une plongée dans l'Amérique des années 50. Bon comme un vieux polar que l'on reprend de temps en temps. Bon comme un vieux film de ces mêmes années. Tout est là pour le plaisir du lecteur.

À noter que ce titre, édité chez Cohen&Cohen est agrémenté de détails de la Composition N°16 de Jackson Pollock et que la collection Art noir de l'éditeur, toute en couverture et tranches de pages noires, change pour cause de fragilité, les romans noirs adoptent une présentation plus classique qui, si elle est moins marquée et originale, n'enlève rien au plaisir de lire des polars dans le monde de l'art.

Entre lille et douai son passe le rattrapera-t-il

Patrick Halluin

Ravet-Anceau

11,50
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1 décembre 2018

Pas toujours très cohérent, parfois malhabile dans les phrases, souvent excessif, ce roman qui ne brille pas par sa finesse et sa subtilité est contre toute attente un polar difficile à lâcher. Je suis loin, très loin d'apprécier le genre gros bras et défouraillage d'armes à tout-va, et je peux dire que Patrick Halluin ne ménage pas sa peine pour donner au Nord de la France et à la petite commune de Marchiennes des airs de ville assiégée, mélangeant les forces spéciales, les flics, la vengeance et les islamistes-terroristes dans un grand bordel -finalement- assez joyeux, et néanmoins -rapport au début de ma longue phrase- j'ai trouvé que ce roman foutraque avait un charme évident : sans doute l'histoire d'amour naissante qui fait fondre les petits cœurs des gros durs, ou ce côté si ce n'est parodique, au moins humoristique et stéréotype des hommes et de la femme -qui apporte légèreté et fraîcheur-, et des situations.

Ce n'est pas le polar du siècle, mais pour un premier roman, Patrick Halluin s'en sort bien et si l'envie de lire un roman fortement burné, qui sent la testostérone, la virilité mais aussi la fragilité des grands garçons sur-entraînés, un roman d'action qui ne se prend pas au sérieux et qui se déroule dans le Nord -de la France-, j'ai trouvé ce qu'il vous faut. Détente assurée.