Grande figure du journalisme d'investigation outre-manche, auteur de deux biographies remarquables sur Albert Speer et Franz Strangl, Gitta Sérany consacra à deux reprises au cours de sa carrière un travail d'enquête minitieux sur le cas de Mary Bell. Une première fois en 1972 (The case of Mary Beel), une seconde fois en 1998 (Cries unheard, the case of Mary Bell). Semant la polémique en Angleterre lors de sa sortie en Angleterre, «  Cries unheard » est aujourd'hui considéré comme un ouvrage de référence. Peu connu du public français car jusqu'àlors non traduit, il fera certainement l'objet de toutes les attentions dès sa sortie le 18 septembre prochain.Pourquoi cet interêt pour Mary Bell ?
Car Mary Bell symbolise le mal, le mal absolu. En accomplissant cette enquête minutieuse, Séreny ne cherche pas à faire du sensationnel, elle cherche à comprendre les fondements de la nature humaine. En 1968, Mary Bell, est une petite jolie petite fille vive qui dérange, elle tue de sang-froid deux très jeunes enfants (3 et 4 ans) alors qu'elle même n'est agée que de 11 ans. Enfermée et jugée comme une adulte par un système judiciaire anglais si peu adpaté à son cas, elle en sort à sa majorité à 23 ans meurtrie et bien peu reconstruite, tentant tant bien que mal de refaire sa vie. Une vie bien fracassée qu'examine «  à la loupe » Gitta Sereny en 1998. Pendant plus d'un an, Sereny questionne inlassablement Mary Bell. Ensemble, elles rouvrent le dossier de ses crimes et refont point par point le parcours de sa vie. Cette douloureuse intropection est bien plus qu'un travail de mémoire, elle offre à Mary Bell pour la première fois l'occasion d'affronter sa propre monstruosité.
« Une si jolie petite fille » est un grand livre sur le mal et la rédemption

Dans la brume, à l'embouchure de l'Hudson, sur une île isolée, où règne un silence glacial un homme se souvient. Il s'appelle John Mitchell, c'est le dernier gardien de ce bout du monde Ellis Island .En ce mois de novembre 1954, les portes vont se refermer définitivement sur ce monde clos, ampli de souvenirs, ceux des milliers de migrants en route vers le rêve américain. A la lueur d'un bougie, John Mitchell nous confie ses souvenirs et ceux de tous ces migrants, aux regards fatigués, figés par la peur, et cependant remplis d'espoir attendant patiemment le précieux sésame d'entrée. Il nous conte leur quotidien, les cris, les rouages de l'administration américaine. Exilé volontaire, il nous confesse, ses blessures, la mort de sa femme, ses remords et ses regrets. Et l'on voyage à travers tous ces destins. Un chœur de voix se fait entendre, des vécus s'entremêlent. Dans une symphonie douce-amère, Gaëlle Josse confirme une fois de plus son talent avec brio. Elle nous offre une magnifique farandole d'émotions, un portrait vif et réaliste de ce monde clos, si tragique mais si riche d'histoires. A lire absolument.

De la splendeur du domaine, il ne reste guère que les murs et Madame. La joie s'en est allée, restent les habitudes, la chasse aux ragondins et l'immuable rotation des saisons. Mais un petit grain de fantaisie ressurgit quand Madame décide de s'occuper de l'éducation de Guillaume, le fils de ses fermiers. Une curieuse et sincère relation se noue. Que recherche Madame à travers Guillaume, adolescent simple et rêveur, un peu perdu entre ses parents et le monde de Madame ? Cherche t-elle à faire revivre son domaine, sortir de sa solitude ou faire revivre son fils perdu tant aimé ? L'énigme se découvre au fur et à mesure, l'écriture y est tour à tour subtile, cruelle et tendre. Jean-Marier Chevrier pose un regard sur la solitude intelligent, il fait de Madame une femme tout aussi forte que fragile.

Le terrorisme islamique est aujourd'hui le sujet omniprésent de notre actualité. Partout dans le monde, il fait l'objet d'une surveillance accrue. Auriez-vous imaginer qu'il puisse frapper en Amérique-Latine ? Non. Lisez le dernier opus de Sebastian Rotella et suivez le parcours de Valentin Pescatore, de la chaleur de Buenos-Aires, aux rues de Bagdad, en passant par Paris. Lancé à toute vitesse dans une poursuite infernale, il piste aux côtés d'agents secrets français et américains la trace de Raymond, son ami d'enfance, passé de malfrat à terroriste international, redoutable faiseur de morts en charge d'implanter un réseau islamique en Amérique-Latine, via le trafic de drogues. Arrivera t-il à le stopper à temps ? Un thriller palpitant, très bien documenté, une bonne lecture pour démarrer la Rentrée.

Rocco, jeune milanais du Fortino en échec scolaire, désœuvré, se laisse séduire, comme tant d'autre, par la surpuissante mafia calabraise la « 'Ndrangheta ». Régulant le trafic de drogue dans ces quartiers délaissés, elle tisse sa toile en s'accaparant cette jeunesse perdue à qui elle promet des lendemains meilleurs. Travailler pour la mafia peut paraître « comme un bon placement » : argent facile, respect du quartier, sentiment d'invincibilité, belle fille...Mais la réalité est tout autre et c'est sans criée-garde que celle-ci rattrape notre jeune Rocco. Le réveil est brutal, son meilleur ami est assassiné « comme un chien » sur place publique par ceux-la même pour qu'il travaille. Arrêté pour un autre délit, Rocco découvre peu peu la vérité, ses illusion tombent. Sa haine change de cible. Il fait le choix du repentir et livre à la magistrature italienne le fonctionnement de la branche milanaise de la 'ndrangheta. La réalité dépasse la fiction, et le procès qui s'annonce pourra t-il aboutir ... Entre roman et documentaire Fabrizio Gatti, journaliste aguerrie, nous livre un réquisitoire sans appel des liens qui unissent le pouvoir italien et la mafia. En respectant l'anonymat des ses sources, il fait état de la corruption qui gangrène l’État italien jusqu'au plus haut niveau et dans toutes les couches sociales. Double jeux, faux bras de fer, corruption,compromissions.... Un livre à lire de toute urgence.