Par le truchement d'un album de photos sépia, l'auteur évoque sa maman Suzanne née en 1929. Pas une belle époque pour elle. Ses parents sont des journaliers qui offrent leurs bras à qui en voudra dans une banlieue pauvre proche de La Rochelle. ils n'ont ni les sous, ni les mots, ni les services sociaux.
Dans un parler vrai, sans fioriture ni apitoiement, il trace le quotidien âpre et dur de cette jeune personne, à la belle âme dans un univers rustre, de sa petite enfance à ses 22 ans quand elle perd Lulu l'amour de sa vie, le père de ses deux bambins.
C'est une très bonne idée aux Editions du Chemin de fer d'avoir réédité cet ouvrage qui nous fait découvrir un monde pas si éloigné de nous...

Dominique pour l'Atelier du Lecteur

Sauvée à 15 ans du génocide rwandais en 1994, par l'ONG Terre des hommes, elle restitue sa longue enquête pour retrouver trace de ses compagnons d'exil. Elle livre un récit poignant et digne.
"Notre expérience est moins indicible qu'inaudible", reprend-elle de ses prédécesseurs après la Shoah.
En tentant humblement de forger notre regard et notre écoute d'européens, Beata Umubyeyi Mairesse conquiert le lecteur par ses réflexions sur le travail de la mémoire collective, la couverture des conflits, le rôle des images, et enfin, l'écriture de soi.
C'est passionnant.

Danielle pour l'Atelier du Lecteur

Un village dans l’extrême nord de la Russie. La nuit 6 mois de l’année et la neige pour unique paysage. Elia est déneigeur, comme son père et son grand-père avant lui. Un jour, des étrangers débarquent, persuadés que la région est riche en pétrole. Ils vont alors creuser cette neige qui recouvre tout… tout ce qu’Elia a décidé jusque-là de laisser recouvert…
Matteo Porru a 22 ans, il signe là son 4e roman, le 1er traduit en français.
L’écriture brillante et pure, très maîtrisée, décrit avec une très grande justesse l’humanité de cet homme qui, bien que gelée, est là, brute et magnifique.

Un homme se promène, il trouve une source, s’y désaltère et décide de s’y baigner. Un orage éclate. Quand il en ressort, le temps s’est arrêté. Pour tous, sauf pour lui.
Quels sont alors les possibles ? La fuite ? Le refuge d’une maison ? Celui des livres ?
Ce récit postapocalyptique mais d’un très grand réalisme est une plongée dans la solitude extrême.
Etrange et poignant, ce texte écrit en 1946, ne fut publié pour la 1re fois qu’en 1973, après la mort de son auteur. Redécouverte passionnante.

Ces très courtes nouvelles, presque des miniatures, nous confrontent à la solitude des êtres, à la difficulté d’être soi et de trouver un lieu où trouver un peu d’apaisement.
On pense aux photographies de Vivian Maier, aux collages surréalistes, mais d’un surréalisme noir, d’une folle intensité.
A vous de combler les non-dits de cette œuvre poétique pour le moins inspirante.